Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/429

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destes et pieux : mais si, jalouse et querelleuse, elle attaque celle de l’État, si elle reprend, censure, et condamne les choses les plus innocentes, je ne vous réponds pas d’une longue indulgence, pour l’indiscrétion d’une étrangère, injuste et fâcheuse en ses corrections.

Une des premières sagesses et des plus recommandées, c’est de respecter en tout pays la religion du prince. Condamner la créance du souverain, c’est condamner le souverain en même temps. Un catholique anglois, qui, dans ses discours ou dans ses écrits, donne le nom d’Hérésie à la religion anglicane, traite le roi d’Angleterre d’Hérétique, et lui fait une insulte, dans ses propres États. Un huguenot en France, qui traite la religion catholique d’Idolâtrie, accuse le roi, par une conséquence nécessaire, d’être Idolâtre ; ce que les empereurs païens même n’ont pu souffrir. Je ne trouve rien de plus injuste que de persécuter un homme pour sa créance ; mais je ne vois rien de plus fou que de s’attirer la persécution.

Voulez-vous me croire, Monsieur ? jouissez paisiblement de l’exercice qu’on vous permet, tel qu’il puisse être, et soyez persuadé que les princes ont autant de droit sur l’extérieur de la religion, qu’en ont les sujets sur le fond secret de leur conscience.

Si vous entrez bien dans la considération de