Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/121

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des embarras du cardinal. À Dieu ne plaise que je veuille justifier la Fronde, mais il m’est facile de montrer qu’en ce point le reproche est purement imaginaire, et que les mouvements de Paris, en 1648, n’ont pas eu la moindre influence sur les négociations de la paix de Westphalie.

Lorsque les congrès de Munster et d’Osnabrück furent ouverts en 1643, après vingt-cinq ans accomplis de cette guerre sanglante qui a désolé l’Europe pendant trente ans, cinq grandes puissances s’étoient rapprochées pour traiter des conditions de la paix. C’étoit l’Empire et les divers États dont il étoit formé : l’Empire déchiré par la discorde intérieure, ravagé, ruiné par la guerre étrangère, humilié dans son chef, le petit-fils abaissé du puissant Charles V. C’étoit l’Espagne, affaiblie par sa longue lutte avec les Provinces-Unies révoltées contre elle, prise à revers par la France dans les Flandres, et sur le territoire espagnol lui-même obligée de guerroyer contre le Portugal et contre la Catalogne soulevés. En un mot, c’étaient les deux branches de la maison d’Autriche réduites par la fortune de la guerre aux plus dures extrémités. En face d’elles étoient la France, victorieuse à Rocroi, où elle avoit détruit l’infanterie espagnole, et bientôt maîtresse des Flandres, du Luxembourg, de Trêves, du Brisgau, de l’Alsace, des passages des Alpes, du Roussillon et de la Catalogne ; la Suède, promenant ses armées triomphantes du nord au midi de l’Empire ; enfin, les Provinces-Unies, élevées au rang de grande puissance maritime, et poursuivant, devant l’Europe, la reconnoissance publique de leur émancipation et de leur souverai-