Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/164

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alors au début de ses galanteries, émut beaucoup, dit-on, M. de Turenne, chez le maréchal d’Albret, par les beautés qu’elle laissoit voir, sous le capuce. Le lendemain, tous les prédicateurs de Paris tonnèrent dans les églises, et il fallut leur donner une légère satisfaction.

On ne remarqua plus rien de pareil, il faut le dire, quand le gouvernement personnel de LouisXIV fut bien établi ; mais Saint-Simon, témoin irrécusable, cette fois, ne soulève-t-il pas le voile qui cache encore, aux yeux du gros du monde, l’état véritable des esprits, au dix-septième siècle, lorsqu’il nous représente ce président de Maisons, l’un des hommes les plus considérables du parlement, vivant, « au milieu des richesses, d’amis distingués en tout genre, touchant de la main à la plus haute fortune de son état, » étroitement lié avec Saint-Simon lui-même, et professant l’athéisme. « Il est commun, dit Saint-Simon, de trouver des esprits forts qui se piquent de n’avoir point de religion…, mais il est rare d’en trouver qui osent s’en parer. Pour le prodige que je vais exposer, je doute qu’il y en ait jamais eu d’exemple, en même temps que je n’en puis douter,… ayant vécu avec le fils de Maisons dans la plus grande familiarité, et dans l’amitié la plus intime. Son père étoit sans aucune religion. Veuf, sans enfants, fort jeune, il épousa la sœur aînée de la maréchale de Villars, qui se trouva n’avoir pas plus de religion que lui. Ils eurent ce fils unique, pour lequel ils mirent tous leurs soins à chercher un homme d’esprit et de mise, qui joignît la connoissance du monde à une belle littérature… ; mais, ce dont le père et la mère firent également leur capital, un précepteur