avec le surintendant d’Émery, l’ancien tenant de Marion. C’est là que M. Walckenaer rapporte aussi la prétendue partie avec Coulon. Il se trompe sur l’époque et sur la chose. La vie entière de notre héroïne dépose contre cette sotte et grossière vénalité. Ses caprices avoient, d’ailleurs, alors, un certain feu, une sorte d’impétuosité qui ne pouvoits’accommoder à la figure blafarde du gendre de Mme Cornuel.
Peu de temps après, le comte d’Aubijoux sut inspirer à Ninon un goût si vif, que, sous prétexte de se rapprocher de Scarron, elle quitta son logement du Marais, pour suivre le comte au faubourg Saint-Germain, où elle loua une maison, probablement vers le bas de la rue des Saints-Pères. Mais, pour le malheur du comte d’Aubijoux, Ninon, dans cette fugue, fut suivie aussi par quelques-uns de ses martyrs. Boisrobert, malgré son esprit libertin, n’étoit pas dangereux ; mais le sensible marquis de Villarceaux fut bien plus ravageur. Vivement épris d’amour, il quitta la rue Richelieu pour s’établir en face d’elle, aux Saints-Pères, et il finit par supplanter d’Aubijoux, en allumant chez Ninon la passion la plus longue peut-être qu’elle ait éprouvée. Dans l’intervalle, elle avoit accru sa célébrité en enlevant bruyamment à Mme de Sévigné un époux qui eut bientôt le sort de tous les adorateurs de Lenclos, celui de recevoir son congé. La maladie de langueur de Villarceaux, le sacrifice que lui fit Ninon de ses cheveux, leur fuite en Normandie, où ils ont vécu pendant deux ans dans l’intimité, loin des agitations politiques ; tout cela est connu et je ne le redirai point. C’est alors que