cliner une santé délabrée. L’acquisition pacifique et prochaine des Pays-Bas espagnols, par la voie d’un mariage, lui parut préférable à leur possession violente et actuelle, par la seule force des armes.
L’espérance de Mazarin ne s’est point, à ce sujet, réalisée, et le prétendu droit de Dévolution n’a pas produit ce qu’on avoit attendu. La dynastie de Louis XIV a gagné plus tard une couronne, à cette affaire, après une guerre désastreuse ; mais la France y a perdu, pour toujours peut-être, la conquête des Pays-Bas, que l’Angleterre des Stuarts n’auroit pas songé à contester, et que la Hollande isolée étoit alors incapable d’empêcher. L’opinion de la France militaire, en 1659, étoit peut-être la meilleure ; mais le jugement général de la postérité ne l’a pas confirmée. Quoi qu’il en soit, la signature de la paix froissa un sentiment public, mal éclairé si l’on veut, très-manifeste, à coup sûr. Saint-Évremond s’en fit l’organe jusqu’à la passion ; il voulut croire qu’il y avoit de l’intérêt et du mystère dans la conduite du cardinal ; il adressa donc au marquis de Créqui une satire aussi ingénieuse que mordante ; non destinée, sans doute, à la publicité, mais qui faisoit voir que Mazarin avoit sacrifié l’honneur et les intérêts de la France à de vaines appréhensions de troubles intérieurs, et à de solides considérations d’avantage personnel. La conservation et l’accroissement de sa fortune avoient été les principaux mobiles de sa résolution. D’habileté, Saint-Évremond n’en voyoit nulle part ; il exagéroit, avec esprit, ce thème du cardinal de Retz, que le fort de M. le cardinal Mazarin avoit toujours été de Ravauder. Tout cela étoit assaisonné d’une raillerie acérée, et