Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/470

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elle, et commençai d’admirer comme il étoit possible à un homme sage de passer sa vie à des recherches inutiles.

Les mathématiques, à la vérité, ont beaucoup plus de certitude ; mais, quand je songe aux profondes méditations qu’elles exigent, comme elles vous tirent de l’action et des plaisirs, pour vous occuper tout entier : ses démonstrations me semblent bien chères, et il faut être fort amoureux d’une vérité, pour la chercher à ce prix-là. Vous me direz que nous avons peu de commodités dans la vie, peu d’embellissements, dont nous ne leur soyons obligés. Je vous l’avouerai ingénument, il n’y a point de louanges que je ne donne aux grands mathématiciens, pourvu que je ne le sois pas. J’admire leurs inventions, et les ouvrages qu’ils produisent : mais je pense que c’est assez aux personnes de bon sens de les savoir bien employer ; car, à parler sagement, nous avons plus d’intérêt à jouir du monde, qu’à le connoître.

Je ne trouve point de sciences qui touchent plus particulièrement les honnêtes gens, que la morale, la politique, et la connoissance des belles-lettres.

La première regarde la raison, la seconde la société, la troisième la conversation. L’une vous apprend à gouverner vos passions. Par