Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/492

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noissez et je me connois ; et voilà ce que les conjurations nous ont valu. Au reste, ma mie, quand vous ferez vos reproches à ce beau prophète, prenez garde de ne pas descendre à aucune particularité de cette nature ; qu’il ne vous échappe rien, je vous prie, qui nous soit honteux. Tous secrets de famille doivent être cachés ; mais celui-ci doit se révéler, moins que pas un autre. »

La femme étoit prête à s’offenser de se voir soupçonnée d’une telle indiscrétion ; mais, pour ne pas rebrouiller les choses qui alloient à un bon accommodement, elle promit de parler et de se taire si à propos, que l’Irlandois seul auroit à se plaindre de son procédé.

Après un petit déjeuné, et un peu de conversation, pour fortifier les corps, et concilier les esprits, ils marchèrent en paix, vers la maison où ils avoient été deux fois, avec confiance, et d’où ils étoient revenus deux fois, sans aucun fruit. Ils apprirent que l’Irlandois étoit allé à Saint-James, pour y faire quelques prodiges, à la prière de M. d’Aubigny. C’étoit ce M. d’Aubigny, si connu de tout le monde pour le plus agréable homme qui fut jamais. Voici donc quelques-uns des miracles que je remarquai à Saint-James, avec moins de crédulité que la multitude, et moins de prévention que M. d’Aubigny.