noître, dans la nature, excepté lui seulement. Son ambition, ensuite, alla aussi loin que sa connoissance. Après avoir voulu tout savoir, il voulut tout conquérir : mais il eut peu de règle, dans ses conquêtes, et beaucoup de désordre, dans sa vie, pour n’avoir pas appris ce qu’il devoit au public, aux particuliers, et à lui-même.
Tous les hommes, en général, ne sauroient se donner trop de préceptes, pour être justes ; car ils ont, naturellement, trop de penchant à ne l’être pas. C’est la justice qui a établi la société, et qui la conserve. Sans la justice, nous serions encore errants et vagabonds ; et, sans elle, nos impétuosités nous rejetteroient bientôt dans la première confusion dont nous sommes heureusement sortis. Cependant, au lieu de reconnoître avec agrément cet avantage, nous nous sentons gênés de l’heureuse sujétion où elle nous tient, et soupirons encore pour une liberté funeste, qui produiroit le malheur de notre vie.
Quand l’Écriture nous parle du petit nombre des justes, elle n’entend pas, à mon avis, qu’on ne se porte encore à faire de bonnes œuvres. Elle nous veut faire comprendre le peu d’inclination qu’ont les hommes à agir, comme ils devroient, par un principe de justice. En effet, si vous examinez tout le bien qui se pratique, parmi les hommes, vous trouverez qu’il est fait,