Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/548

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avec la rigueur des lois, et ce que la morale nous prescrit, par un ordre austère de la raison.

La charité nous fait assister et secourir, quand la justice nous défend de faire injure ; et celle-ci empêche l’oppression, avec peine, quand celle-là procure, avec plaisir, le soulagement. Avec les vrais sentiments que notre religion nous inspire, il n’y a point d’infidèles, dans l’amitié : il n’y a point d’ingrats, dans les bienfaits. Avec ces bons sentiments, un cœur aime innocemment les objets que Dieu a rendus aimables ; et ce qu’il y a d’innocent, en nos amours, est ce qu’il y a de plus doux et de plus tendre.

Que les personnes grossières et sensuelles se plaignent de notre religion, pour la contrainte qu’elle leur donne ; les gens délicats ont à se louer de ce qu’elle leur épargne les dégoûts et les repentirs. Plus entendue que la philosophie voluptueuse, dans la science des plaisirs ; plus sage que la philosophie austère, dans la science des mœurs : elle épure notre goût pour la délicatesse, et nos sentiments pour l’innocence. Regardez l’homme, dans la société civile ; si la justice lui est nécessaire, vous verrez qu’elle lui est rigoureuse. Dans le pur état de la nature, sa liberté aura quelque chose de farouche ; et, s’il se gouverne par la morale, sa propre raison aura de l’austérité. Toutes les