Page:Œuvres mêlées 1865 Tome I.djvu/559

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Brigitte8 et la Légende des Saints9 comme des articles de foi. Il me souvient d’avoir vu de l’aliénation parmi les dévots, dont les uns alloient à tout craindre de la justice de Dieu, et les autres à tout espérer de sa bonté.

Ce ne seroit jamais fait, si je voulois expliquer ici toutes les choses qui contribuent à établir, ou à ruiner la confiance de ces amitiés. Elles ne subsistent point, sans fidélité et sans secret. C’est ce qui les rend sûres ; mais ce n’est pas tout, pour nous les rendre agréables. Il se forme une certaine liaison, entre deux âmes, où la sûreté seule ne suffit pas : il y entre un charme secret, que je ne saurois exprimer, et qui est plus facile à sentir qu’à bien connoître. À mon avis, le commerce particulier d’une femme belle, spirituelle, raisonnable, rendroit une pareille liaison plus douce encore, si on pouvoit s’assurer de sa durée. Mais, lorsque la pas-


8. Sainte Brigitte, née en Suède, vers 1302, m. à Rome, en 1373. Ses Révélations, écrites en latin, par un moine Pierre, prieur d’Alvastre, furent imprimées à Rome, en 1488, souvent reproduites, depuis lors, par la presse, et traduites en plusieurs langues.

9. La Légende dorée, ou la vie des saints de Jacq. de Varaggio (de Voragine), composée vers 1260 : l’un des livres le plus anciennement et le plus souvent reproduits par la presse, aux quinzième et seizième siècles. Une traduction francoise en étoit déjà imprimée, à Lyon, en 1476, in-fol. goth. La première édition du texte latin à paru à Bàle, 1470, in-fol. goth., sans l. ni d.