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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/108

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pêcher que la majesté du peuple romain ne fût violée.

Ce sénat, d’ailleurs si intéressé et si corrompu avec ses citoyens, opinoit avec la même hauteur qu’auroit pu avoir Scipion, où il s’agissoit des ennemis. Dans le temps d’une grande corruption, il ne put souffrir le traité honteux de Mancinus avec les Numantins3 ; et ce misérable consul fut obligé de s’aller remettre entre leurs mains, avec toute sorte d’ignominie. Gracchus qui avait eu part à la paix, étant questeur dans l’armée de Mancinus, tâcha de la soutenir inutilement ; son crédit ne servit de rien, son éloquence y fut vainement employée.

Comme il est arrivé par Gracchus une des plus importantes affaires de la république, et peut-être la source de toutes celles qui l’ont


3. Le consul G. Hostilius Mancinus, après avoir été défait plusieurs fois par les Numantins, se laissa renfermer dans son camp, avec une armée de trente mille hommes, qu’il ne put sauver, qu’en faisant un traité avec les ennemis, qui n’avoient que quatre mille hommes, par lequel on convint qu’il y auroit désormais une alliance perpétuelle entre les Romains et les Numantins, et que ceux-ci jouiroient des mêmes droits et priviléges que les Romains. Le sénat déclara ce traité honteux à la république, et ordonna que Mancinus seroit renvoyé pieds et poings liés aux Numantins, pour en faire ce qu’ils jugeroient à propos ; mais ils ne voulurent point le recevoir. Voyez le supplément des LVe et LVIe livre de Tite-Live, par Freinshemius. (Des Maizeaux.)