Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/115

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nouveau pouvoir. Il voulut cacher une puissance nouvelle, sous des noms connus et des dignités ordinaires. Il se fit appeler Empereur de temps en temps, pour conserver son autorité sur les légions : il se fit créer Tribun, pour disposer du peuple ; Prince du Sénat, pour le gouverner. Mais, quand il réunit en sa personne tant de pouvoirs différents, il se chargea aussi de divers soins, et il devint l’homme des armées, du peuple et du Sénat, quand il s’en rendit le maître ; encore n’usa-t-il de son pouvoir que pour ôter la confusion qui s’étoit glissée en toutes choses. Il remit le peuple dans ses droits, et ne retrancha que les brigues aux élections des magistrats. Il rendit au Sénat son ancienne splendeur, après en avoir banni la corruption ; car il se contenta d’une puissance tempérée, qui ne lui laissoit pas la liberté de faire le mal : mais il la voulut absolue, quand il s’agit d’imposer aux autres la nécessité de bien faire.

Ainsi, le peuple ne fut moins libre que pour être moins séditieux : le Sénat ne fut moins puissant que pour être moins injuste. La liberté ne perdit que les maux qu’elle peut causer, rien du bonheur qu’elle peut produire.

Après avoir établi un si bon ordre, il se trouva agité de différentes pensées, et consulta longtemps en lui-même, s’il devoit garder