Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/117

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guerre que n’étoit Auguste, il ait attendu les principaux emplois de la république, quand elle seroit rétablie.

Pour Mécénas, qui n’avoit eu aucune part aux victoires, il lui conseilla de retenir ce qu’elles lui avoient donné. Ce ne fut pas sans faire entrer dans ses raisons la considération du public, qui ne pouvoit plus, disoit-il, se passer d’Auguste. Mais, quoique cela pût être, en quelque sorte, il suivit en effet son inclination pour la personne du prince, et ses propres intérêts.

Mécénas étoit homme de bien ; de ces gens de bien, néanmoins, doux, tendres, plus sensibles aux agréments de la vie, que touchés de ces fortes vertus qu’on estimoit dans la république. Il étoit spirituel, mais voluptueux, voyant toutes choses avec beaucoup de lumière, et en jugeant sainement ; mais plus capable de les conseiller que de les faire. Ainsi, se trouvant foible, paresseux, et purement homme de cabinet, il espéroit de sa délicatesse avec un empereur délicat, ce qu’il ne pouvoit attendre du peuple romain, où il eût fallu se pousser par ses propres moyens, et agir fortement par lui-même.

Pour revenir des personnes à la chose : l’empire fut retenu par son conseil ; et la résolution de le garder étant prise, Auguste ne laissa pas