Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/118

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d’offrir au Sénat de s’en démettre. Quelques-uns en furent touchés comme d’une grande modération ; plusieurs reconnurent la simple honnêteté de l’offre ; mais tous s’accordèrent véritablement en ce point de refuser l’ancienne liberté. Vous eussiez dit que c’étoit une contestation de civilités, qui aboutirent à une satisfaction commune ; car Auguste gouverna l’empire par le Sénat, et le Sénat ne se gouverna que par Auguste.

Un gouvernement si tempéré plut à tout le monde ; et le prince ne suivit pas moins en cela son intérêt, que son humeur modérée : car enfin, on passe mal aisément de la liberté à la servitude, et il pouvoit se tenir heureux de commander, en quelque façon que ce fût, à un peuple libre.

De plus, le funeste exemple de César l’avoit peut-être obligé de prendre des voies différentes, pour éviter une même fin. Le grand Jules, né, pour ainsi dire, dans une faction opposée au Sénat, eut toujours une envie secrète de l’opprimer ; et l’ayant trouvé contraire à ses desseins, dans la guerre civile, il en prit une aversion nouvelle pour le corps, quoiqu’il eût beaucoup de douceur et de clémence pour les sénateurs en particulier. Depuis son retour à Rome, comme il se vit assuré du peuple et des légions, il compta le Sénat pour peu de