Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/119

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chose, et le traita même insolemment, en quelques occasions : tant il est difficile aux plus retenus de ne se pas oublier, dans une grande fortune. Or, il est certain que ce mépris orgueilleux irrita beaucoup de gens, et fit naître, ou du moins avancer la conspiration qui le perdit.

Auguste, un des plus avisés princes du monde, ne manqua pas de profiter d’une observation si nécessaire ; et à peine se fut-il acquis l’empire par les légions, qu’il songea à le gouverner par le Sénat. Il connoissoit la violence des gens de guerre et le tumulte des peuples ; les uns et les autres lui paroissant plus propres à être employés dans une occasion présente, qu’aisés à conduire, quand elle est passée.

Il voulut donc fonder le gouvernement sur le Sénat, comme sur le corps le mieux ordonné et le plus capable de sagesse et de justice : mais en même temps, il s’assura le peuple et les légions par des largesses et par des bienfaits. Ainsi tout le monde fut content, comme j’ai dit ; et Auguste trouva dans sa modération la sûreté de sa personne et de sa puissance ; en quoi certes il eut un bonheur extraordinaire : n’y ayant rien de si heureux, dans la vie, que de pouvoir suivre honnêtement son inclination et son intérêt.