Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/120

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Je ne veux pas excuser ses commencements : mais je ne doute point que dans la violence du triumvirat, il ne s’en soit fait beaucoup à lui-même. Il est certain qu’il haïssoit naturellement l’humeur cruelle de Marius, de Sylla et de leurs semblables. Il haïssoit ces âmes fières, qui n’ont qu’un plaisir imparfait d’être les maîtres, s’ils ne font sentir leur pouvoir ; qui mettent la grandeur à être craints, et le bonheur de leur condition à faire, quand il leur plaît, des misérables.

Il avoit éprouvé qu’un honnête homme se fait le premier malheureux, quand il en fait d’autres ; et il ne fut jamais si content, que lorsqu’il se vit en état de faire le bien selon son inclination, après avoir fait le mal contre son gré. Il alloit toujours au bien des affaires : mais il vouloit que les affaires allassent au bien des hommes, et considéroit dans les entreprises beaucoup moins la gloire que l’utilité. Durant son gouvernement, aucune guerre ne fut négligée, qui pût être utile ; et on laissa pour les héros celles qui sont purement glorieuses.

C’est ce qui le fit accommoder avec les Parthes, et renoncer au projet que faisoit César, quand il fut assassiné ; c’est ce qui fit rejetter la proposition de certaine guerre en Allemagne, où il ne voyoit pas un véritable intérêt ; c’est