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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/145

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ce qui fit faire à Catulle tant d’épigrammes contre lui, et d’où vint à la fin ce bon mot, que César étoit la femme de tous les maris, et le mari de toutes les femmes.

Alexandre eut en cela beaucoup de modération ; il ne fut pourtant pas insensible. Barzine et Roxane lui donnèrent de l’amour ; et il n’eut pas tant de continence, qu’il ne s’accoutumât enfin à Bagoas, à qui Darius s’étoit accoutumé auparavant5.

Le plaisir du repas, si cher à Alexandre, et où il se laissoit aller quelquefois jusqu’à l’excès, fut indifférent à César. Ce n’est pas que, parmi les travaux et dans l’action, Alexandre ne fût sobre et peu délicat ; mais, dans le temps du repos, la tranquillité lui étoit fade, s’il ne l’éveilloit, pour ainsi dire, par quelque chose de piquant.

Ils donnèrent l’un et l’autre jusqu’à la profusion ; mais César avec plus de dessein et d’intérêt. Ses largesses au peuple, ses dépenses excessives dans l’édilité, ses présents à Curion, étoient plutôt des corruptions que de véritables libéralités. Alexandre donna pour faire du bien, par la pure grandeur de son âme. Quand il passa en Asie, il distribua ses domaines ; il se dé-


5. Nabarzanes acceptâ fide occurrit, dona ingentia ferens. Inter quæ Bagoas erat specie singulari spado, atque in ipso flore pueritiæ ; cui et Darius fuerat assuetus, et mox Alexander assuevit. Quintus Curtius, VI, cap. v, 22.