Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/149

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claré la guerre au grand roi, c’eût été sur les frontières, de proche en proche, et il ne se fût pas tenu malheureux de borner ses États par le Granique. Si l’ambition l’avoit poussé plus avant, pensez-vous qu’il eût refusé les offres de Darius, lui qui offrit toujours la paix à Pompée ; et qu’il ne se fût pas contenté de la fille du roi, avec cinq ou six provinces qu’Alexandre refusa peut-être insolemment ? enfin, si mes conjectures sont raisonnables, il n’auroit point cherché dans les plaines le roi de Perse suivi d’un million d’hommes. Quelque brave, quelque ferme qu’il pût être, je ne sais s’il auroit dormi profondément la nuit qui précéda la bataille d’Arbelles ; je crois du moins qu’il eût été du sentiment de Parménion, et nous n’aurions de lui aucune des réponses d’Alexandre. Cependant il falloit donner ce grand combat pour se rendre maître de l’Asie ; autrement, Darius, eût traîné la guerre de province en province, toute sa vie : il falloit qu’il périt comme il arriva, et que mille peuples différents le vissent vaincu avec toutes ses forces.

Il est vrai que ce désir de gloire immodéré, et cette ambition trop vaste qui ne laissoit point de repos à Alexandre, le rendirent quelquefois si insupportable aux Macédoniens, qu’ils furent tout prêts de l’ahandonner. Mais c’est là