Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/151

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enfants et des vieillards, qui s’armoient tumultuairement pour la défense de leur liberté ; des multitudes de combattants sans ordre et sans discipline ; et à la vérité, si vous en exceptez deux ou trois, César pouvait dire : Veni, vidi, vici, en toutes les occasions. Ce qui me fait croire que Labienus commandant les légions, n’eût pas moins assujetti nos provinces à la république, où, selon toutes les apparences, Parmenion n’auroit pas donné cette grande bataille qui décida des affaires de l’Asie. Vous trouverez encore cette particularité remarquable, que celui-ci eut besoin du secours d’Alexandre dans le combat ; et que César un jour étoit perdu sans Labienus, qui après avoir tout battu de son côté, envoya la dixième légion le dégager. Soit par le plus grand péril des entreprises, soit pour s’exposer davantage, ou pour être en cela plus malheureux, Alexandre fut cent fois en danger manifeste de sa vie, et reçut souvent de grandes blessures. César eut véritablement ses hasards, mais plus rares ; et je ne sache point qu’il ait été fort blessé dans toutes ses guerres.

Je ne vois pas aussi que les peuples de l’Asie dussent être si mols et si lâches, eux qui ont toujours été formidables à l’Europe. Dans la plus grande puissance de la République, les Romains n’ont-ils pas été malheureux chez