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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/152

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les Parthes, qui n’avoient qu’une partie de l’empire de Darius ? Crassus y périt avec ses légions, du temps de César ; et un peu après, Antoine y fit un voyage funeste et honteux. Pour des conquêtes, on ne peut véritablement attribuer à César que celles des Gaules ; car dans la guerre civile, il assujettit la république avec la meilleure partie de ses forces ; et la seule bataille de Pharsale le fit maître de cent peuples différents, que d’autres avoient vaincus. Vespasien n’a pas conquis l’empire pour s’être fait empereur par la défaite de Vitellius. Ainsi César a profité des travaux de tous les Romains : les Scipions, Émilius, Marcellus, Marius, Sylla et Pompée, ses propres ennemis, ont combattu pour lui : tout ce qui s’étoit fait en six cents années, fut le fruit d’une seule heure de combat.

Ce qui me semble plus incompréhensible d’Alexandre, c’est qu’en douze ou treize ans, il ait conquis plus de pays que les plus grands États n’ont su faire dans toute l’étendue de leur durée. Aujourd’hui un voyageur est célèbre, pour avoir traversé une partie des nations qu’il a subjuguées ; et, afin qu’il ne manquât rien à sa félicité, il a joui paisiblement de son empire, jusqu’à être adoré de ceux qu’il avoit vaincus. En quoi je plains le malheur de César, qui n’a pu donner une forme à l’État, selon