Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/153

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ses desseins, ayant été assassiné par ceux qu’il alloit assujettir.

Il me reste une considération à faire sur Alexandre ; que tous les capitaines des Macédoniens ont été de grands rois, après sa mort, qui n’étoient que des hommes médiocres, comparés à lui, durant sa vie. Et certes, je lui pardonne en quelque sorte, si, dans un pays où c’étoit une créance reçue que la plupart des dieux avoient leur famille en terre, où Hercule étoit cru fils de Jupiter, pour avoir tué un lion et assommé quelque voleur : je lui pardonne, dis-je, si appuyé de l’opinion de Philippe, qui pensoit que sa femme eût commerce avec un dieu ; si trompé par les oracles, si se sentant si fort au-dessus des hommes, il a quelquefois méprisé sa naissance véritable, et cherché son origine dans les cieux. Peut-être faisoit-il couler cette créance parmi les barbares pour en attirer la vénération ; et tandis qu’il se donnoit au monde pour une espèce de dieu, le sommeil, le plaisir des femmes, le sang qui couloit de ses blessures, lui faisoient connoître qu’il n’étoit qu’un homme.

Après avoir parlé si longtemps des avantages d’Alexandre, je dirai, en peu de mots, que par la beauté d’un génie universel, César fut le plus grand des Romains en toutes choses : dans les affaires de la république et dans les em-