Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/171

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ment ; mais elle tournoit une vie de peu d’éclat où elle se voyoit réduite, en une vie retirée, et ménageoit avec beaucoup de dessein une fausse négligence. Elle n’alloit pas au Louvre disputer un galant contre ces jeunes beautés qui font tout le bruit dans le monde ; elle savait l’en tirer avec adresse, et n’avoit pas moins d’industrie pour le conserver, qu’elle en avoit eu pour se l’acquérir. Un simple commerce de bienséance ne lui eût pas été permis avec une femme tant soit peu aimable ; et une amitié ordinaire avec les hommes, se reprochoit comme une tendresse dérobée à son amour. Les plaisirs particuliers lui faisoient craindre un attachement. Elle appréhendoit d’être oubliée dans les divertissements de foule : surtout elle crioit contre les repas du commandeur8, où l’on respiroit certain air de liberté, ennemi des passions délicates. Enfin, si elle n’avoit tous vos soins, elle se plaignoit d’être abandonnée ; et parce qu’elle se disoit tout à vous, elle vouloit que vous fussiez tout à elle. M. de Vardes absent ne put maintenir longtemps une maîtresse de cette humeur. Elle se rendit à la vue du jeune M. de Candale ; encore dit-on que ses desseins avoient prévenu l’im-


8. Le commandeur de Souvré. Voyez notre Introduction.