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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/172

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pression que fait la présence, et qu’elle avoit songé à se le mettre entre les mains avant que de le connoître. M. de Vardes fut sensible à ce changement, comme à la perte d’un plaisir qui lui étoit fort cher ; mais en honnête homme il ne s’en fit pas une affaire, et il regarda M. de Candale avec le dépit d’un rival, sans jamais y mêler la haine d’un ennemi.

Moret, dont la gravité représentoit l’honneur en toutes choses, se tint offensé en la personne de son frère, et prit pour un véritable affront ce que l’intéressé avoit reçu comme un simple déplaisir : Ses plaintes furent d’abord assez fières : les voyant mal reçues dans le monde, il changea de discours sans changer de procédé. Il se disoit malheureux de n’avoir pu s’attirer les égards d’une personne pour laquelle il avait eu tant de considération toute sa vie ; il disoit que M. de Candale étoit peu à plaindre, qu’il trouveroit des amis plus dignes de son amitié, et qu’avec beaucoup de déplaisir il se voyoit obligé d’en chercher d’autres sur lesquels il pût faire plus de fondement. C’étoit le langage qu’il tenoit à tout le monde, avec une fausse modestie qui marque plus la bonne opinion qu’on a de soi, que ne feroit une présomption légèrement déclarée. Pour le chevalier de la Vieuville, il se tint désobligé aussitôt que Moret pensa l’être ; et, tant pour lui plaire,