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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/173

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que par la vivacité de son naturel, il anima les reproches un peu davantage.

Je voyois M. de Candale à l’ordinaire ; et, comme il lui falloit toujours quelque confident, je le devins aussitôt de ses plaintes sur le procédé de ces messieurs, et, peu de temps après, de sa passion pour madame de Saint-Loup. Dans la chaleur de cette nouvelle confidence, il ne pouvoit se passer de moi, pour me confier en secret de petites choses fort chères aux amants, et très-indifférentes à ceux qui sont obligés de les écouter. Je les recevois comme des mystères, et les sentais comme des bagatelles importunes. Mais son humeur étoit agréable, je trouvois son procédé obligeant, et il avoit un air si noble en toute sa personne, que je prenois plaisir à le regarder, au même temps que j’en avois peu à l’entendre. Jusque-là, je n’avois pas eu le moindre dessein dans son commerce. Quand je me vis maître de son esprit, si je l’ose dire, je pensai que je ne ferois pas mal de ménager une personne qui devoit être un jour fort considérable. Alors je me fis une étude particulière de le bien connoître, et n’oubliai rien pour le prendre par tous les endroits où il pouvoit être sensible. Je louois sa maîtresse sans trahir mes sentiments, car elle me paroissoit fort aimable ; et je blâmois le procédé de Moret et du chevalier de la