Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/177

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perdre ; que la France eût peut-être succombé au commencement de la régence, sans la bataille de Rocroi qu’il avoit gagnée ; que la cour avoit fait toutes les fautes sans lui, après la bataille de Lens, et ne s’étoit sauvée que par lui dans la guerre de Paris ; qu’après avoir si bien servi, il n’avoit fait que déplaire par l’impétuosité d’une humeur dont il n’avoit pu être le maître ; mais que tous ses desseins et ses actions alloient pleinement au service du roi et à la grandeur du royaume. Je ne sais pas, ajoutai-je, ce que la cour gagnera par sa prison, mais je sais bien que les Espagnols ne pouvoient rien souhaiter de plus favorable. »

« Je suis obligé, dit M. de Candale, je suis obligé à Monsieur le Prince de mille honnêtetés qu’il a eues pour moi, malgré son chagrin contre M. d’Épernon, mon père. J’ai été peut-être un peu plus sensible que je ne devais à des obligations si légères, et je n’ignore point qu’on m’a accusé de ne prendre pas assez de part aux intérêts de ma maison. Tous ces discours ne m’ont pas empêché d’être son serviteur, et ses disgrâces ne m’en empêchent pas encore ; mais dans l’attachement que j’ai à la cour, je ne puis donner qu’une douleur secrète à ses malheurs, inutile pour lui, en l’état qu’il est, et ruineuse pour moi, si je la fais paroître. »

« Voilà, repris-je, les sentiments d’un fort