Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/178

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honnête homme, et que je trouve d’autant plus généreux, que la prison de messieurs les princes est la chose la plus avantageuse que vous puissiez désirer. Je vous regarde aujourd’hui comme le plus considérable homme de France, si vous voulez l’être. On vient de mettre nos princes du sang au bois de Vincennes, dont apparemment ils ne sortiront pas sitôt. M. de Turenne et M. de Bouillon se sont éloignés pour les servir. M. de Nemours n’est de rien, tout honnête homme qu’il est, et ne sait présentement quel parti prendre. M. de Guise est prisonnier en Espagne. Tout le reste de nos grands seigneurs est suspect, négligé de M. le cardinal. Dans la situation où sont les choses, si vous ne savez pas faire valoir la considération de vos établissements et les bonnes qualités de votre personne, ne rejettez rien sur la fortune qui vous sert si bien ; prenez-vous-en à vous seul, car c’est vous qui manquerez à vous-même. »

Il m’écouta avec la plus grande attention du monde, et plus touché de mon discours que je ne me l’étois imaginé, il me remercia avec chaleur des ouvertures que je lui avois données. Il me dit bonnement que la jeunesse et les plaisirs l’avoient empêché de s’appliquer à rien de sérieux jusques-là ; mais qu’il étoit résolu de quitter son inutilité, et de mettre tout en usage pour se donner de la considération. « Je vais