Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/18

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il fut la dupe de sa modération, quand il vit que, pour être maréchal de camp, il ne falloit pas être habile homme : il s’érigea de plus en goguenard, et eut l’honneur de faire rire Son Altesse.

Rucqueville[1], cet ancien serviteur, ne voulut rien faire ; et sa longue expérience à la guerre demeura inutile, sous prétexte de ses vapeurs. M. de Longueville, pour adoucir le chagrin qu’il avoit de n’être pas gouverneur de Caen, augmenta ses pensions : mais ce fut en vain, Rucqueville disant hautement qu’il prendroit assez l’argent de son maître, mais que pour s’empêcher d’en dire du mal, il ne le feroit jamais.

Franquetot-Barberousse demeura longtemps sans prendre parti, Boncœur[2] entretenant son incertitude par l’amitié du maréchal de Grammont. Durant ses longues délibérations, il ne laissoit pas de s’ériger insensiblement en rendeur de bons offices, se flattant avec joie de la vanité d’un faux crédit. Depuis, étant informé par les lettres de ses amis, qu’on travailloit sérieusement à la paix, il fit dessein de quitter

    journal de D’Ormesson, I, page 638, et les Mémoires de Retz, II, page 110.

  1. Voy. son historiette, dans Tallemant, VI, page 167.
  2. On nommoit ainsi sa femme. Sur l’un et sur l’autre, voyez Tallemant, IV, 380, 383, et VII, 40, 47.