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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/186

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pourtant que l’amitié de M. le marquis de Créqui12 me semble préférable à toute autre : sa chaleur pour ses amis, si vive et si animée, sa fidélité si pure et si nette, me le font estimer infiniment ; d’ailleurs, son ambition, son courage, son génie pour la guerre, un esprit universel qui s’étend à tout, ajoutent à l’amitié une considération fort particulière. On lui peut donner sans faveur ce bel éloge qu’on donnoit à un ancien : Ita ut ad id unum natus esse videretur quod aggrederetur. Quand son choix le détermina à sa profession, la nature l’avoit préparé à toutes : capable de cent choses différentes, aussi propre à ce qui regarde le métier des autres qu’à ce qui touche le sien. Il pourroit se donner de la réputation par les lettres, s’il ne la vouloit toute par les armes. Une gloire ambitieuse ne souffre point les petites vanités ; mais il n’en est pas moins curieux, et cherchant dans une étude secrète le plaisir particulier de s’instruire, il joint à l’avantage de savoir beaucoup le mérite de cacher discrètement ses connoissances. Peut-être ne croyez-yous pas pouvoir rencontrer, dans la jeunesse où il est, ce qu’à peine on attend de l’âge le plus avancé ; et j’avoue que nous don-


12. François de Créqui, maréchal de France. Voy. tome I, page 85, et l’Introduction.