Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on ne doit point attribuer à faute de courage, mais à une malheureuse rétention d’urine qui m’empêche de monter à cheval. Ce n’est pas que je veuille être inutile dans le parti : je négocierai avec madame de Matignon, pour laquelle j’ai toujours conservé quelque espèce de galanterie ; et, de plus, comme vous n’avez ici personne qui sache faire de relations, je prendrai le soin de publier vos exploits. Ces dernières paroles remirent entièrement l’esprit du prince ; car, à dire vrai, la nécessité du gazetier étoit grande, et il fut bien aise d’en trouver un, si entendu dans la narration.

Fontrailles[1] arriva tout à propos pour voir la grande occasion de la Bouille[2]. Durant son séjour en Normandie, le duc de Longueville lui communiqua toutes choses, aussi bien qu’à Varicarville et au comte de Fiesque ; mais Fontrailles ne pouvoit goûter cette confiance, ayant peur de s’engager trop avant dans les intérêts du prince, et de devenir le confident d’une se-

  1. Voyez Tallemant, II, pages 67, 107 à 108, et les Mémoires de Retz, t. I et II.
  2. La Bouille est un bourg, à trois lieues de Rouen. Saint-Évremond donne ici plaisamment le nom d’occasion à la retraite précipitée du duc de Longueville, lequel, apprenant en ce lieu, et de Saint-Évremond lui-même, qu’il y rencontra, l’arrivée prochaine du comte d’Harcourt, commandant des troupes du roi, se retira au plus vite, sur Rouen, sans attendre l’armée royale.