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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/223

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Né d’un père aussi autorisé dans le parti protestant que M. de Bouillon l’étoit, il en prit les sentiments de religion, sans zèle indiscret pour la sienne, sans aversion pour celle des autres : précautionné contre une séduction secrète, qui fait voir de la charité pour le prochain, où il n’y a qu’un excès de complaisance pour son opinion. Comme il n’y a rien de bas dans les emplois de la guerre, il passa par les plus petits, par les médiocres, toujours jugé digne de plus grands que ceux qu’il avoit. Toujours distingué par sa naissance, la seule distinction de ses services l’a fait monter par degrés au commandement des armées ; et l’on peut dire sans exagérer, que pour arriver aux postes qu’il a eus, jamais homme n’a tant dû à son mérite, et si peu à la fortune.

Je ne m’étendrai point à parler de ses actions, me bornant à quelques particularités peu connues, qui contribueront à former son caractère. Tant qu’il a servi avec Monsieur le Prince, en Allemagne, Monsieur le Prince lui a donné la principale gloire de tout ce qu’on y faisoit ; et l’estime qu’il avoit pour lui alla si loin, que s’entretenant avec quelqu’un de tous les généraux de son temps : Si j’avois à me changer, dit-il, je voudrais être changé en M. de Turenne, et c’est le seul homme qui me puisse faire souhaiter ce changement-là. On ne sau-