Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/225

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et tout cela fut exécuté en six ou sept jours. Il considéroit plus les actions par leurs suites, que par elles-mêmes : il estimoit plus un général qui conservoit un pays, après avoir perdu une bataille, que celui qui l’avoit gagnée, et n’avoit pas su en profiter.

Venons à nos guerres civiles. C’est là qu’on a mieux connu M. de Turenne, pour avoir été plus exposé aux observations des courtisans. On sait qu’il a sauvé la cour à Gergeau2, et qu’il l’a empêchée de tomber entre les mains de Monsieur le Prince, à Gien. Il a conservé l’État, quand on le croyoït perdu ; il en a augmenté la gloire et la grandeur, lorsque à peine on osoit en espérer la conservation.

Mais un des plus considérables services que M. de Turenne ait rendus, a été sans doute celui qu’il rendit à Gien. La cour y croyoit être dans la dernière sûreté, quand Monsieur le Prince, qui avoit traversé une partie du royaume, lui septième, pour venir joindre M. de Beaufort et M. de Nemours ; quand Monsieur le Prince ne les eût pas sitôt rejoints, qu’il marcha à M. d’Hocquincourt, et tombant au milieu de ses quartiers, les enleva tous l’un après l’autre. Vous ne sauriez croire la consternation que cette malheureuse nouvelle mit


2. Voy. Madame de Motteville, III, p. 467 et 475.