Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/227

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ture que par connoissance, du côté que Monsieur le Prince pouvoit venir. La nuit étoit extrêmement noire ; et il n’avoit pour guides que des fuyards, plus capables d’effrayer ses troupes que de le conduire. Heureusement il se trouva le matin à la tête d’un défilé, qu’il falloit passer nécessairement à Monsieur le Prince, s’il vouloit arriver à Gien. M. de Navailles proposa de jeter l’infanterie dans un bois qui bordoit le défilé : M. de Turenne rejeta la proposition, sachant bien que les ennemis qui étoient les plus forts l’en auroient chassée, et que dans le désordre où ils l’auroient mise, il lui eût fallu se retirer à Gien avec la seule cavalerie. Le parti qu’il prit fut de mettre toutes ses troupes sur une ligne, et de s’éloigner cinq ou six cents pas du défilé. Monsieur le Prince, croyant qu’il se retiroit véritablement, fit passer quatorze escadrons qui alloient être suivis de l’armée entière. Alors M. de Turenne, tournant avec toutes ses forces, chargea, rompit, fit repasser le défilé à ces escadrons, dans un désordre incroyable. Monsieur le Prince le voyant en cette posture, crut le passage du défilé impraticable, comme en effet il l’étoit ; et on ne fit autre chose le reste de la journée que se canonner. M. de Turenne, fortifié du débris de l’armée de M. d’Hocquincourt et de quelques gens frais,