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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/229

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Revenons des faits de M. de Turenne, à une observation plus particulière de sa conduite, de ses qualités, de son génie. Aux bons succès, il poussoit les avantages aussi loin qu’ils pouvoient être poussés ; aux mauvais, il trouvoit toutes les ressources qu’on pouvoit trouver. Il préféroit toujours la solidité à l’éclat : moins sensible à la gloire que ses actions lui pouvoient donner, qu’à l’utilité que l’État en recevoit. Le bien des affaires alloit devant toutes choses : on lui a vu essuyer les mauvais offices de ses envieux, les injures de ses ennemis, les dégoûts de ceux qu’il servoit, pour rendre un véritable service. Modeste en ce qu’il faisoit de plus glorieux, il rendoit les ministres vains et fiers avec lui, par les avantages qu’ils tiroient de ce qu’il avoit fait. Sévère à lui-même, il comptoit tous ses malheurs pour des fautes ; indulgent à ceux qui avoient failli, il faisoit passer leurs fautes pour des malheurs.

Il semble qu’il donnoit trop peu à la fortune pour les événements ; et le voulant convaincre par son propre exemple du pouvoir qu’elle a dans les occasions, on lui dit qu’il n’avoit peut-être jamais mieux fait qu’à Mariendal et à Rhetel : cependant qu’il avoit perdu ces deux combats, pour avoir été malheureux. « Je suis content de moi, répondit-il, dans l’action ; mais si je voulois me faire justice un peu