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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/231

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ficiers : Puységur, ennemi de tous les généraux qu’il ne gouvernoit pas, fut obligé de vendre son régiment et de se retirer, avec sa capacité incommode, à sa maison. Le tour ordinaire des officiers dans le détachement, leur rang aux ordres de bataille, ne furent plus observés. C’est ce qu’on vit à la bataille de Dunkerque, où M. de Turenne choisit le marquis de Créqui pour commander l’aile opposée à Monsieur le Prince, sans aucun égard à l’ancienneté des lieutenants-généraux.

Après avoir changé ces vieilles coutumes, il changea, pour ainsi dire, le génie des nations. Il fit prendre aux étrangers une activité qui ne leur étoit pas naturelle ; il fit perdre aux François la légèreté et l’impatience que leur nation avoit toujours eue. Il fit souffrir la fatigue, sans murmurer ; il fit oublier la cour aux courtisans qui avoient de l’emploi, comme s’il n’y avoit plus eu d’autre métier que la guerre. Voilà quelle fut la conduite de M. de Turenne pour les officiers ; voyons son procédé, à l’égard de Monsieur le cardinal.

Dans le temps que Monsieur le cardinal étoit le plus malheureux, que ses amis cherchoient des prétextes pour l’abandonner, et ses ennemis des occasions pour le perdre, M. de Turenne eut pour lui les mêmes déférences, les mêmes respects qu’on avoit eus dans sa plus