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PARALLÈLE DE MONSIEUR LE PRINCE ET DE MONSIEUR
DE TURENNE, SUR CE QUI REGARDE LA GUERRE1.
(1673-1688.)

Vous trouverez en Monsieur le Prince la force du génie, la grandeur de courage, une lumière vive, nette, toujours présente. M. de Turenne a les avantages du sang-froid, une grande capacité, une longue expérience, une valeur assurée.

Celui-là, jamais incertain dans les conseils, irrésolu dans ses desseins, embarrassé dans ses ordres, prenant toujours son parti mieux qu’homme du monde ; celui-ci, se faisant un plan de sa guerre, disposant toutes choses à sa fin, et les conduisant avec un esprit aussi éloigné de la lenteur que de la précipitation.

L’activité du premier se porte au delà des choses nécessaires, pour ne rien oublier qui puisse être utile : l’autre, aussi agissant qu’il le doit être, n’oublie rien d’utile, ne fait rien de superflu ; maître de la fatigue et du repos, il


1. Saint-Évremond avoit écrit ce parallèle en 1673 ; mais il le retoucha en 1688, au moment où il s’occupa d’une histoire de M. de Turenne.