Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/247

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crédit pour les autres, sans penser à ses propres intérêts. Aux uns, ce généreux prince offrit la sûreté de sa protection ; aux autres, ce prince libéral offrit tous les avantages qu’on pouvoit tirer de sa faveur ; il distribuoit les charges, les gouvernements, et ne put jamais trouver une créature parmi ces gens abusés des espérances de la cour ; il n’y en eût point qui ne refusât ses bienfaits. Le dépit qu’il eût de voir ses libéralités méprisées le força de songer à ses affaires ; et, malgré le dessein qu’il avoit de ne rien prendre, il se vit réduit à cette fâcheuse nécessité de solliciter ses intérêts.

Voilà le premier déplaisir que le duc de Beaufort reçut des gentilhommes, et particulièrement de la cour ; voilà les premières marques de leur mépris, qui a passé en fort peu de temps jusqu’aux injures les plus sanglantes. Dans la guerre de Paris, on ne parloit que de sa générosité et de sa valeur. Voyez quelle est l’injustice du siècle ! On prétend le déshonorer aujourd’hui, par les mêmes actions dont est venue sa réputation.

Chacun sait que tout le monde lui fit des compliments sur la mort de Nerlieu7 ; et quand véritablement il ne l’eût pas tué, les plus modestes s’y fussent laissé persuader, aussi bien que lui. Ce même monde, plein de complaisance et d’agrément, en ce temps-là ; devenant de mauvaise humeur présentement, lui veut ôter la gloire qu’il lui a donnée ; et, par une recherche aussi exacte qu’ingénieuse, trouve, à ce



7. Voy. sur cet événement, le card. de Retz, t. I, pag. 277, édit. citée.