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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/248

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qu’on dit, qu’il n’approcha de Nerlieu qu’après sa mort.

Son combat contre Briole étoit allégué comme un combat extraordinaire, qui faisoit trembler tous les héros des romans : aujourd’hui Briole lui arrache son épée8 comme à un homme perdu, que l’emportement, ou quelque autre passion, avoit mis hors de lui-même.

Ces Messieurs se figurent-ils qu’il soit près de changer de créance aussi légèrement qu’ils ont fait, et qu’une personne qui s’est imaginée d’avoir tué Nerlieu, quand on lui en a fait des compliments, soit résolue de n’en rien croire, lorsqu’il leur prend fantaisie de se dédire. Non, non, Messieurs, vous devez avoir plus de fermeté, et jamais on ne lui reprochera une pareille inconstance. Il pouvoit bien être qu’il ne l’avoit pas tué ; mais puisque vous l’avez voulu, si à présent vous tenez le contraire, cela n’empêchera pas qu’il n’ait tué Nerlieu.

Des actions particulières on passe aux qualités de sa personne. On le fait être grossier sans franchise, artificieux sans esprit ; et, par un mélange bizarre, il possède souverainement, disent-ils, les artifices de Monsieur de Vendôme et la simplicité de Madame sa mère. Si vous les croyez, il promet à tout le monde, et ne tient jamais sa parole ; il envoie trois courriers, dont pas un ne monte à cheval ; et se refuse lui-même, de la part de la reine, ce qu’il n’a pas demandé. Que voulez-vous de plus ? Il sollicite publiquement pour un homme, et sollicite en particulier contre lui. Je ne sais ce que l’on ne dit point de son


8. Voy. le card. de Retz, loc. cit.