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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/249

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langage et de son esprit. On lui fait écrire des lettres ridicules à Monsieur de Béthune9, où je m’assure qu’il ne pensa jamais. Les incidents des procès sont pour lui des accidents de la vie ; quand on mange de la viande en carême, il y veut mettre la politique : les chambres tendues de noir sont lubriques, et les yeux les plus lascifs sont lugubres. Laval est mort d’une confusion à la tête, et le chevalier de Chabot pour avoir été mal timpané10. Il n’y a lâcheté qu’on ne lui fasse faire, il n’y a sottise qu’on ne lui fasse dire ; et cependant il faut croire qu’il est sincère et spirituel, et qu’il ne manque de bonne foi ni d’intelligence.

Peut-on s’imaginer qu’une personne nourrie dans l’innocence des plaisirs des champs, soit devenue capable de tant de fourbes ? Peut-on s’imaginer qu’un prince de sa naissance ignore l’usage des termes les plus communs ? Pour moi, je vous avoue qu’au lieu de me figurer des choses si étranges et si désavantageuses à Monsieur de Beaufort, j’admire toujours sa générosité, ou sa patience, à pardonner ou souffrir les injures qu’on lui fait.

Si je ne craignois de passer ici pour déclamateur, je finirois ce chapitre de la noblesse, en l’exhortant de vivre aussi bien avec lui qu’il est résolu de bien


9. François, comte de Béthune, l’un des Importants.

10. Le duc de Beaufort ne savoit pas placer les mots et parloit comme les paysans : défaut qu’il tenoit de sa mère, Françoise de Lorraine, fille unique du duc de Mercœur, la plus grossière femme qu’il y eût en France, qui l’avoit élevé à la campagne, où il ne s’occupoit qu’à la chasse. (Des Maizeaux.)