Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/250

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vivre avec elle ; et, m’adressant aux gentilshommes, je leur dirois de sa part : Quittez, Messieurs, quittez cette haine malicieuse et ce mépris affecté ; rentrez dans les mêmes sentiments où vous étiez à la mort du feu roi ; souvenez-vous de ce temps généreux, où tout le monde se jettoit en foule dans ses intérêts ; où le colonel des Suisses11, les officiers de la maison du roi, et les gens de qualité, renonçoient à la cour et à leur fortune, pour l’amour de lui. Si vous revenez, Messieurs, il est prêt de vous recevoir, et en état de faire pour vous les mêmes choses qu’il a faites. Si vous ne revenez pas, je vous déclare qu’il vous abandonne, et va tâcher de se rétablir dans l’affection des peuples qui l’ont quitté. Il vous a dû les commencements de sa réputation, mais il vous doit la meilleure partie de son mépris, et se trouve assez déchargé de toute reconnaissance, par les ressentiments où vous le poussez. Messieurs, il n’est pas besoin de barguigner davantage.

III. Il est temps de venir à sa justification auprès des peuples ; et comme il avoue lui-même qu’il leur doit son salut, sa fortune et son crédit, il n’y a rien qu’il ne fasse, pour leur ôter la mauvaise impression qu’ils ont prise, ou par son propre malheur, ou par la malice de ses ennemis.

Ce n’est pas, s’il vouloit s’exempter de reconnoissance, qu’il ne pût distinguer l’obligation ; et quiconque voudroit examiner les choses avec la dernière rigueur, trouveroit, sans doute, que leur affection étoit plutôt un effet nécessaire de son étoile, qu’un mouvement libre et obligeant de leurs esprits. Au


11. M. de la Chastre.