Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/26

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notre frontière, quand la conquête des Pays-Bas étoit pleinement entre ses mains.

Qui ne sait que la destruction de Carthage fut celle de la république romaine ? Tant que Rome eut l’opposition de sa rivale, ce ne fut chez elle que vertu, obéissance ; sitôt qu’elle n’eut plus d’ennemis au dehors, elle s’en fit au dedans ; et eut tout à craindre d’elle-même, quand elle n’eut rien à appréhender des étrangers.

Son Éminence, plus sage que les Scipions, n’a eu garde de nous laisser tomber dans cet inconvénient-là ; et, profitant de la faute de ses pères, elle a conservé l’Espagne à la France, pour l’exercice de ses vertus, et le maintien éternel de son empire.

Quelle différence, Monsieur, d’une sagesse si profonde au dérèglement du cardinal de Richelieu ! Il me semble que je vois cette âme immodérée ne se contenter ni de la Flandre, ni du Milanez ; mais, dans une conjoncture qu’on n’avoit pas eue depuis Charles-Quint, envoyer sept ou huit millions à Francfort, et faire marcher une grande armée sur les bords du Rhin, pour venger notre nation, en la personne de Louis XIV, de l’affront qu’elle reçut autrefois en celle de François Ier2. Je lui vois


2. L’empereur Ferdinand III mourut le 2 avril 1657,