Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/270

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médiocres ; et dans certaines docilités, qui véritablement ne vous durent guère, soumettre votre jugement à celui de beaucoup de personnes qui n’en avoient point.

Il me semble aussi que vous vous laissez trop aller à l’habitude. Ce que d’abord vous avez jugé grossier, fort sainement, vous paroît à la fin délicat, sans raison ; et quand vous venez à guérir de ces erreurs, c’est plutôt par un retour de votre humeur, que par les réflexions de votre esprit.

Quelquefois, Madame, par un mouvement contraire, pour penser trop, vous passez la vérité du sujet ; et les opinions que vous formez sont des choses plus fortement imaginées que solidement connues.

Pour vos actions, elles sont également innocentes et agréables. Mais comme vous pouvez négliger de petites formalités, qui sont de véritables gênes dans la vie, vous avez à craindre l’opinion des sots, et le chagrin de ceux que votre mérite fait vos ennemis.

Les femmes, vos ennemies déclarées, sont contraintes de nous avouer mille avantages que vous avez reçus de la nature. Il y a des occasions où nous sommes obligés de leur confesser qu’on pourroit les ménager mieux, et que vous n’en faites pas toujours ce que d’autres en sauroient faire.