Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/271

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Je finirai par vos inégalités dont vous faites vous-même une agréable peinture. Elles sont fâcheuses à ceux qui les souffrent. Pour moi, j’y trouve quelque chose de piquant ; et je vois, quand on se plaint le plus de l’humeur, que c’est alors qu’on s’intéresse le plus pour la personne.

Quoi qu’il en soit, tant s’en faut qu’on puisse prendre avantage sur vous, qu’on n’y sauroit prendre de mesure. On vous désoblige aisément, sans y penser ; et même le dessein de vous plaire a produit plus d’une fois le malheur de vous avoir déplu. Croyez-moi, Madame, il faudrait être bien heureux pour trouver de bons moments avec vous, et bien juste pour les prendre. Ce qu’on peut dire véritablement, après vous avoir examinée, c’est qu’il n’y a rien de si malheureux que de vous aimer, mais rien de si difficile que de ne vous aimer pas.

Voilà, Madame, les observations d’un spectateur qui, pour juger de vous plus sainement, a pris soin de demeurer libre. Le moyen qu’il a tenu pour se garantir a été de vous éviter autant qu’il a pu. Encore n’est-ce pas assez de ne vous voir point, quand on vous a vue ; et ce remède, ailleurs infaillible, n’apporte pas une sûreté entière, sur votre sujet.

Peut-être, me direz-vous, qu’un homme qui