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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/282

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c’est la plus belle de l’antiquité. Dans celle de Caton, je trouve du chagrin et même de la colère. Le désespoir des affaires de la République, la perte de la liberté, la haine de César, aidèrent beaucoup sa résolution ; et je ne sais si son naturel farouche n’alla point jusqu’à la fureur, quand il déchira ses entrailles.

Socrate est mort véritablement en homme sage, et avec assez d’indifférence : cependant il cherchoit à s’assurer de sa condition, en l’autre vie, et ne s’en assuroit pas. Il en raisonnoit sans cesse, dans la prison, avec ses amis, assez faiblement ; et pour tout dire, la mort lui fut un objet considérable. Pétrone seul a fait venir la mollesse et la nonchalance dans la sienne. Audiebatque referentes, nihil de immortalitate animæ et sapientium placitis, sed levia carmina et faciles versus8. Il n’a pas seulement continué ses fonctions ordinaires : à donner la liberté à des esclaves, à en faire châtier d’autres ; il s’est laissé aller aux choses qui le flattoient, et son âme, au point d’une séparation si fâcheuse, étoit plus touchée de la douceur et de la facilité des vers, que de tous les sentiments des philosophes.

Pétrone, à sa mort, ne nous laisse qu’une image de la vie : nulle action, nulle parole,


8. Tacite, loc. cit.