Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que de faire voir à toute l’Europe la supériorité de son génie, et il n’a point été trompé dans son opinion ; car il s’est toujours rendu maître de l’entendement de Don Luis, qui reconnoissoit, de bonne foi, l’ascendant de son esprit et l’avantage de ses lumières ; mais il arrivoit, par malheur, que la volonté trop opiniâtre de celui-ci devenoit maîtresse, à la fin, des résolutions de celui-là. Ainsi l’Espagnol emportoit, grossièrement et sans raison, des choses que l’Italien disputoit, spirituellement et avec justice. Ce n’est pas que l’opiniâtreté de Don Luis lui ait toujours réussi ; et quand il se vante de l’abandonnement du Portugal et du rétablissement de M. le prince, nous pouvons lui alléguer sa simplicité, dans les munitions qu’il nous a laissées, et l’ignorance de calcul, dans l’évaluation des cinq cent mille écus que l’on a donnés à la reine4.

En tout cas, Son Éminence peut se flatter secrètement, de n’avoir pas fait des pas inutiles ; l’Alsace, les biens d’Italie, l’abbaye de Saint-Wast, peuvent le consoler de la peine qu’il a prise5 ; au lieu que le chimérique Don Luis,


4. Voyez le contrat de mariage de la reine Marie-Thérèse, à la suite de mon Traité d’Utrecht ; Paris, 1847, in-8º.

5. Le cardinal Mazarin s’étoit fait donner des terres en Alsace, en Italie, et la riche abbaye de Saint-Waast