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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/311

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agréable aux personnes indifférentes qui l’écoutent, il s’en fût passé assurément, à moins que de voir la bataille de Pharsale pleinement gagnée, Pompée mort, et le reste de ses partisans en fuite. Comme César se croyoit alors le maître de tout, on a pu lui faire offrir une gloire acquise et une puissance apparemment assurée ; mais quand il a découvert la conspiration de Ptolomée, quand il voit ses affaires en mauvais état, et sa propre vie en danger, ce n’est plus un amant qui entretient sa maîtresse de sa passion, c’est le général romain qui parle à la reine du péril qui les regarde, et la quitte avec empressement, pour aller pourvoir à leur sûreté commune.

Il est donc ridicule d’occuper Porus de son seul amour, sur le point d’un grand combat qui alloit décider pour lui de toutes choses ; il ne l’est pas moins d’en faire sortir Alexandre, quand les ennemis se rallient. On pourroit l’y faire entrer avec empressement, pour chercher Porus, non pas l’en tirer avec précipitation, pour aller revoir Cléophile : lui qui n’eut jamais ces impatiences amoureuses, et à qui la victoire ne paroissoit assez pleine que lorsqu’il avoit ou détruit, ou pardonné. Ce que je trouve pour lui de plus pitoyable, c’est qu’on lui fait perdre beaucoup d’un côté, sans lui faire rien gagner de l’autre. Il est aussi peu héros d’a-