Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils tairont que Bonneson armait les sabotiers de Sologne et donnait de la chaleur à ce dangereux parti qui se formoit contre l’État10.

Il y avoit quelque chose de plus pressant encore, dont la seule conscience de M. le cardinal pourroit rendre témoignage. Quelle gêne à un grand ministre, maître absolu de la cour, de voir trois gouverneurs qu’il avoit faits, tirer des sommes prodigieuses de la Flandre, sans compter avec lui. Du tempérament généreux qu’est Son Éminence, elle eût mieux aimé donner Corbie, Péronne et Saint-Quentin aux ennemis, que de souffrir plus longtemps les contributions d’Arras, de Béthune et de la Bassée11.



actifs ennemis du cardinal de Richelieu. C’étoit un homme d’esprit que ce cardinal craignoit, à cause de son crédit auprès du duc d’Orléans, et du comte de Soissons. M. de Saint-Évremond appelle ici Gratot : le Montrésor des provinces, pour se moquer de Mazarin, à qui ce Gratot faisoit autant de peur, que Montrésor en avoit fait à Richelieu. (Idem.)

10. Un peu avant la paix des Pyrénées, les paysans de la Sologne se révoltèrent et s’attroupèrent. On appela ce mouvement la guerre des sabotiers ; parce qu’en Sologne, pays pauvre et plein d’eaux, on ne porte presque que des sabots. Bonneson, gentilhomme protestant, qui étoit un de leurs chefs, fut pris et mené à Paris, où il eut la tête tranchée. M. de Saint-Evremond raille le cardinal d’avoir eu peur de ces misérables paysans attroupés. (Id.)

11. Avant la paix des Pyrénées, les gouverneurs des places frontières avoient les contributions. Les gouverneurs d’Arras, de la Bassée et de Béthune, avoient, di-