Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/34

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Il faudroit entrer dans son âme, pour bien connoître le déplaisir qu’elle a eu de s’être trompée sur Saint-Venant, quand le dessein d’en tirer un million est devenu à rien, entre les mains de La Haye12.

Oudenarde, Ypres et Menin entretenoient véritablement un grand corps ; mais à peine y avoit-il au delà de quoi enrichir le seigneur Lange. Je passe outre, et pose que la Flandre se fût rendue tout à fait à nous : il eût fallu conserver ses privilèges, et se contenter d’un misérable centième.

Non, non, Monsieur ; des titres, des seigneuries ne satisfont pas un ministre si solide. Ce qui s’appelle une véritable conquête, pour lui, c’est l’acquisition réelle de nouveaux deniers ; et, à son avis, réduire les gouverneurs, casser des troupes, retrancher toutes les dé-


soit-on,, amassé par là des biens immenses. On voit bien que M. de Saint-Évremond raille Mazarin, comme s’il n’eût conclu la paix, que pour se venger de ces gouverneurs, qui ne vouloient pas lui faire part de ce qu’ils gagnoient par les contributions. (Id.)

12. Le cardinal Mazarin avoit donné le gouvernement de Saint-Venant au sieur La Haye, dans l’espérance que celui-ci seroit plus honnête que les autres, à son égard ; mais La Haye prit tout pour lui, et se moqua du cardinal. Dans ce temps-là, il n’étoit pas si facile de rappeler les gouverneurs des places frontières. On craignoit de les irriter, et de les réduire à la nécessité de livrer leurs places aux ennemis. (Id.)