Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/336

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et pour les particuliers ; car il n’y aura dans nos tragédies, ni de scélérat qui ne se déteste, ni de héros qui ne se fasse admirer. Il y aura peu de crimes impunis, peu de vertus qui ne soient récompensées. Avec les bons exemples que nous donnons au public, sur le théâtre ; avec ces agréables sentiments d’amour et d’admiration, discrètement ajoutés à une crainte et à une pitié rectifiées, on arrivera chez nous à la perfection que désire Horace :

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci ;

ce qui ne pouvoit jamais être, selon les règles de l’ancienne Tragédie.

Je finirai par un sentiment hardi et nouveau : c’est qu’on doit rechercher à la tragédie, devant toutes choses, une grandeur d’âme bien exprimée, qui excite en nous une tendre admiration. Il y a dans cette sorte d’admiration quelque ravissement pour l’esprit ; le courage y est élevé, l’âme y est touchée.