Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/35

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penses et ne diminuer aucunes levées, c’est proprement conquérir ; c’est gagner, en effet, un nouveau royaume. Avec cela, j’ose dire qu’il laissera volontiers à l’Espagne tous ses États, et promettra religieusement de ne la point troubler, dans la guerre de Portugal. De toutes les possessions du roi d’Espagne, les seules Indes lui font quelque envie ; mais il se console, de ce que les Espagnols en ont les soins, et qu’il aura toujours la meilleure partie de leur flotte.

Voilà, Monsieur, le mystère de nos conférences, et voilà ce qui s’est passé de plus secret dans le cœur de M. le cardinal.

Si vous voulez que je vous dise sérieusement les mêmes vérités, sous un autre tour, vous saurez qu’il n’y avoit plus de monarchie espagnole, dans la continuation de la guerre ; encore l’eussions-nous fort affaiblie par la paix, si M. le cardinal ne l’eût pas voulu traiter lui-même, sans la participation de personne. Il est certain qu’il n’a jamais compris la foiblesse et la nécessité des ennemis, au point qu’elles étoient ; et la conversation que M. de Turenne eut avec lui, sur ce sujet, lui parut le discours d’un général intéressé, qui vouloit éloigner la paix, pour se maintenir dans la guerre.

L’ancienne réputation des Espagnols lui couvroit leur misère présente : ne pouvant s’i-