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Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/36

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maginer qu’une nation si redoutable autrefois pût être si proche de sa ruine. L’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, qui n’étoient presque plus que des noms, lui donnoient toujours une grande idée de leur vieille puissance : il ne considéra pas assez l’état où nous étions, pour considérer trop celui où nos ennemis avoient été.

La vertu de M. le Prince, dénuée des moyens nécessaires pour agir ; l’image du cardinal de Retz, caché misérablement, pour la sûreté de sa vie, rappeloient dans son esprit les désordres passés, et lui faisoient appréhender des révolutions nouvelles. Il concevoit, en trois gentilshommes de Normandie vagabonds, en de pauvres paysans de Sologne désespérés, toute la noblesse soulevée, et la révolte de tous les peuples. Tout le monde, à son avis, l’attaquoit, parce qu’il se sentoit odieux à tout le monde.

Comme il y avoit en lui un mélange de sentiments différents, il faut considérer le motif d’intérêt, après celui de la crainte. Rien ne le gênoit si fort que la dépense inévitable de la guerre ; et il aspiroit à se voir maître de tous les deniers, sans être nécessité de les employer à aucun usage. Alors il croyoit les finances purement siennes : ce qui a été véritablement un des principaux sujets de la paix. L’indépendance des gouverneurs a paru l’une de ses plus